President Biden, Vice President Harris, and Secretary of State Blinken at the White House, February 2021. <br>CREDIT: <a href="https://www.flickr.com/photos/whitehouse/51013224531/">Official White House Photo by Adam Schultz</a> (<a href="https://www.usa.gov/government-works">U.S. Government Works</a>)
Le président Biden, le vice-président Harris et le secrétaire d'État Blinken à la Maison-Blanche, février 2021.
CREDIT : Photo officielle de la Maison Blanche par Adam Schultz(U.S. Government Works)

Déconstruction des récits des orientations provisoires en matière de sécurité nationale

8 mars 2021

Cet article a été publié pour la première fois sur le Ethics & International Affairs blog.

L'administration Biden/Harris a publié ses orientations stratégiques provisoires en matière de sécurité nationale, qui sont censées remplacer la stratégie de sécurité nationale de 2017 de l'administration Trump/Pence en fournissant des orientations aux départements exécutifs et aux agences du gouvernement américain. Au cours des trois dernières années, le programme sur l'engagement mondial des États-Unis s'est concentré sur la question des récits primordiaux qui expliquent et situent le rôle des États-Unis dans le monde. Quels sont les axes narratifs que l'on peut déceler dans les orientations provisoires ?

  1. Le document d'orientation stratégique rejette explicitement le récit "restaurateur" en déclarant sans ambages qu'il n'y a pas de retour à la situation internationale ou à la manière dont la politique étrangère des États-Unis était configurée avant 2016. Au contraire, ce document propose une approche prospective pour prendre en compte les nouvelles conditions internationales et nationales des années 2020.
  2. Les récits de repli et de transactionnalisme qui figuraient en bonne place dans la stratégie de sécurité nationale de 2017 sont minimisés et, dans certains cas, explicitement rejetés. Contrairement à l'autocollant "America First", les orientations de Biden/Harris mettent en avant la valeur et l'importance des alliances et des partenariats. Nous constatons ici un alignement clair sur l'approche que les orateurs de Carnegie Council , comme Ash Jain, ont notée: forger des partenariats avec d'autres pays démocratiques (y compris l'appel à un sommet sur la démocratie) pour s'attaquer à des problèmes mondiaux et régionaux urgents. En effet, parmi les récits présentés dans le rapport Carnegie Council , les orientations provisoires sont imprégnées du thème de la "communauté démocratique".
  3. Toutefois, on peut voir l'impact de la rupture de l'ancien consensus bipartisan en 2016. En publiant ces orientations, certaines déclarations de l'administration indiquent clairement que l'implication des États-Unis dans les affaires mondiales ne consiste pas à jouer le grand jeu sur le grand échiquier, mais que la stratégie doit servir les intérêts de la nation en matière de politique étrangère, qui sont à leur tour directement liés à l'amélioration des résultats pour les familles de travailleurs américains et la classe moyenne. Ce lien est explicite dans le document. Un récit parallèle apparaît également clairement dans le texte, un récit que les membres du Congrès que j'ai eu l'occasion de rencontrer et de discuter de ces questions dans le cadre d'un séminaire de l'Institut Aspen ont exprimé et qui est résumé dans le récit de la "régénération" : pour que l'Amérique continue à jouer un rôle de premier plan dans le monde, elle doit d'abord reconstruire et améliorer ses institutions et son économie nationales.
  4. Enfin, les paramètres d'un nouveau discours sur le changement climatique sont esquissés. Comme le note mon collègue Derek Reveron, ces orientations reconnaissent formellement que "les plus grandes menaces auxquelles nous sommes confrontés ne connaissent ni frontières ni murs et doivent faire l'objet d'une action collective. Les pandémies et autres risques biologiques, l'escalade de la crise climatique, les menaces cybernétiques et numériques...".

Les orientations tentent donc de fusionner les récits de la communauté démocratique, de la régénération et du climat en un tout intégré, mais avec des éléments de "concurrence entre grandes puissances" encore fortement présents. Cela va-t-il créer un hybride harmonieux qui jette les bases d'une action concertée, ou les orientations provisoires vont-elles orienter les politiques dans des directions différentes et concurrentes ?

Vous pouvez aussi aimer

Professor Joseph S. Nye, Jr., 2013. CREDIT: <a href="https://flickr.com/photos/chathamhouse/8719518195/">Chatham House</a> <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/">(CC)</a>

17 FÉV, 2021 - Article

Mesurer la moralité de la politique étrangère : Les critères de Joseph Nye

Dans ce billet de blog, Nikolas Gvosdev, Senior Fellow de l'U.S. Global Engagement, se penche sur un article de Joseph S Nye, Jr. publié dans "The American Oxonian" ...