Il s'agit de la cinquième leçon sur six concernant l'intervention humanitaire.
Voici les liens vers les cinq autres :
Éthique et politique de l'intervention humanitaire :
Leçon 01-01, Leçon 01-02, Leçon 01-03
Intervention : Des théories aux cas :
Leçon 02-01
L'évolution des normes en matière d'intervention humanitaire :
Leçon 03-01, Leçon 03-03
Dans les années 1990, l'échec de la communauté internationale à intervenir dans le massacre des Tutsis rwandais et à se mettre d'accord sur une réponse internationale au nettoyage ethnique des Albanais du Kosovo (l'OTAN s'étant engouffrée dans la brèche) a fait naître une forte motivation pour trouver un moyen de sauvegarder la sécurité humaine qui susciterait le soutien de la communauté internationale dans son ensemble.
Le défi consistait à concilier les notions de droits de l'homme et d'égalité souveraine, deux piliers importants de la société internationale. S'appuyant sur la notion de "souveraineté en tant que responsabilité", la Commission internationale de l'intervention et de la souveraineté des États (CIISE) a relevé ce défi sous la forme d'une nouvelle norme aspirante de la société internationale, la "responsabilité de protéger".
En vertu de ce nouveau principe, la souveraineté ne peut ni servir à protéger les auteurs d'atrocités de masse à l'intérieur d'un État contre une intervention extérieure, ni être invoquée pour justifier l'absence d'intervention au nom des droits de l'homme de la part d'autres membres de la société internationale.
En septembre 2005, les dirigeants du monde entier réunis au sommet mondial des Nations unies ont convenu que lorsque les États "manquent manifestement" de protéger leurs populations contre les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et le génocide, la communauté internationale a la responsabilité collective de réagir.
Mais face à l'inaction et à l'absence de coordination face aux crises du Darfour, du Myanmar, de la République démocratique du Congo et d'autres points chauds de la planète, la responsabilité de protéger peut-elle bénéficier d'un soutien et d'une force suffisants - peut-elle même survivre - pour que nous n'ayons plus à assister ou à subir des "Rwandais" ou des "Kosovars" ?
PRÉPARATION DE L'INSTRUCTEUR NÉCESSAIRE
Préparer des questions de cours et de discussion sur l'intervention humanitaire en se basant sur les lectures.
PLAN DE LA LEÇON
A. Activités en classe
Faire:
Exposé qui relie les cas discutés dans les semaines 4 à 6 à l'idée de l'intervention humanitaire en tant que pratique changeante dans la société internationale. Les défis de la Somalie, du Rwanda et du Kosovo sont des choses que nous pouvons nous efforcer de relever par le biais d'un débat éthique et politique.
Faire : Discuter (40 minutes)
Discuter du cours et des lectures.
B. Travaux à effectuer à l'avance (0-2+ heures)
Lire:
Alex J. Bellamy,"Responsibility to Protect or Trojan Horse ? The Crisis in Darfur and Humanitarian Intervention after Iraq," Ethics & International Affairs 19, no. 2 (2005)
Alex J. Bellamy,"Whither the Responsibility to Protect ? Humanitarian Intervention and the 2005 World Summit," Ethics & International Affairs 20, no. 2 (2006)
Joelle Tanguy,"Redéfinir la souveraineté et l'intervention", Ethics & International Affairs 17, no. 1 (2003)
Regarder :
Série d'entretiens surl'éthique et les affaires internationales: Alex J. Bellamy sur la responsabilité de protéger (26 février 2009)
QUESTIONS ÉTHIQUES CONNEXES
A. Les droits de l'homme sont-ils compatibles avec l'égalité souveraine ? La notion de responsabilité de protéger résout-elle ou sous-estime-t-elle le défi que représente la conciliation de ces principes fondamentaux de la société internationale ?
B. Les partisans de la responsabilité de protéger doivent-ils se satisfaire des résultats du sommet mondial de 2005 ?
C. L'absence d'intervention de la communauté internationale au Darfour est-elle le signe d'un manquement à la responsabilité de protéger ?
D. Quelle est la relation entre la responsabilité de protéger et le recours à la force militaire ? L'un doit-il conduire à l'autre ?
E. Est-ce une bonne chose que la notion de "souveraineté en tant que responsabilité", telle qu'elle est intégrée dans la responsabilité de protéger, repose essentiellement sur la politique du Conseil de sécurité de l'ONU ? La responsabilité de protéger a-t-elle réellement renforcé la capacité des acteurs internationaux à remettre en cause la souveraineté des États ?
F. Quelle est l'importance des idées, des mots et de la rhétorique dans la politique mondiale ?
RESSOURCES SUPPLÉMENTAIRES
Kofi Annan, Dans une liberté plus grande : Vers le développement, la sécurité et les droits de l'homme pour tous (Nations unies 2005)
Louise Arbour,"The Responsibility to Protect as a Duty of Care in International Law and Practice", Review of International Studies 34 (2008).
Alex J. Bellamy, La responsabilité de protéger : L'effort mondial pour mettre fin aux atrocités de masse (Cambridge : Polity, 2009)
Gareth Evans, La responsabilité de protéger : Ending Mass Atrocity Crimes Once and For All (La responsabilité de protéger : mettre fin aux crimes d'atrocité de masse une fois pour toutes) (Washington, D.C. : Brookings Institution Press 2008)
Responsabilité globale de protéger
Groupe de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, Un monde plus sûr : Notre responsabilité commune (Nations unies 2004)
Ban Ki-moon,"Mise en œuvre de la responsabilité de protéger", UN doc. A/63/677 (12 janvier 2009) [PDF].
Responsabilité de protéger, Institut d'études internationales David Davies Memorial
Responsabilité de protéger : Engager la société civile
Alex de Waal, "Darfur and The Responsibility to Protect", International Affairs 83 (2007).
Thomas Weiss, "New Thinking : La responsabilité de protéger", chapitre 4 de l'ouvrage intitulé L'intervention humanitaire (Cambridge : Polity 2007)
Jennifer Welsh,"Implementing the 'Responsibility to Protect'", Policy Brief No. 1, Oxford Institute for Ethics, Law, and Armed Conflict (2009) [PDF].
Jennifer Welsh, "La responsabilité de protéger : Sécuriser l'individu dans la société internationale", in Sécurité et droits de l'hommeBenjamin J. Goold et Liora Lazarus (Oxford : Hart Publishing, 2007).