Réflexions sur les enfants sans papiers vis-à-vis du modèle de convention sur la mobilité internationale (MIMC) dans le contexte de la migration vénézuélienne vers le Brésil.
Il est de notoriété publique que la plupart des migrants vénézuéliens qui entrent au Brésil passent par la frontière nord, dans la ville de Pacaraima, dans l'État de Roraima, dans la région de l'Amazonie. Ils parlent en particulier de la Mission Pacaraima établie par le Bureau fédéral du défenseur public (DPU) dans la ville de Pacaraima par le biais de l'Operação Acolhida (Opération de bienvenue), pour soutenir l'assistance d'urgence aux migrants vénézuéliens en situation de vulnérabilité à la suite de l'augmentation des flux de migrants en 2018.
Conformément à la Constitution brésilienne, le DPU a pour mission de promouvoir les droits de l'homme et l'assistance juridique, à tous les niveaux, y compris judiciaire et extrajudiciaire, des droits individuels et collectifs, de manière intégrale et gratuite, pour les personnes en situation de vulnérabilité. La mission de Pacaraima a pour objectif de surveiller et de promouvoir les droits de l'homme dans cette région frontalière avec le Venezuela, en mettant l'accent sur les enfants et les adolescents qui connaissent des difficultés migratoires particulières.
La DPU aide ces enfants et adolescents en leur fournissant des conseils juridiques, en surveillant les installations sensibles et les abris d'urgence de l'opération Welcome, en promouvant l'éducation aux droits de l'homme, en prévenant la traite des êtres humains et en contribuant à l'entrée sûre, ordonnée et régulière des personnes sur le territoire brésilien. On estime à environ plus de 13 000 le nombre d'assistances juridiques fournies depuis le début de la mission en 2018.
Bien qu'il s'agisse d'une réussite notable, l'un des défis à relever est l'absence de documents provenant du pays d'origine, en particulier du fait que les cartes d'identité ne sont pas délivrées aux enfants de moins de neuf ans.
Les données suggèrent qu'entre janvier 2022 et juillet 2023, sur les 6 423 assistances, 2 488 enfants étaient sans papiers dans la région frontalière entre le Brésil et le Venezuela, et parmi eux 1 341 enfants étaient âgés de moins de 6 ans, 1 793 étaient âgés de 7 à 12 ans, et 400 étaient âgés de 13 à 17 ans. Les enfants sans papiers représentent 39 % de tous les enfants de la Mission.(Tableau de bord des données de la Mission)
Les données montrent une corrélation entre le jeune âge et une plus grande probabilité de ne pas avoir de documents.
Dans ce contexte, 1 524 enfants et adolescents ont présenté une carte d'identité et 2 191 un certificat de naissance ; 802 enfants et adolescents n'ont présenté aucun document ; 1 706 enfants et adolescents ont présenté des documents non valables au Brésil, tels qu'une copie de leur carte d'identité ou une copie de leur certificat de naissance. En outre, la diversité des documents présentés à l'arrivée de l'enfant ou de l'adolescent sur le territoire brésilien peut susciter d'innombrables doutes quant à l'acceptation et à la validité des documents.
La réalité sur le terrain est que de nombreux enfants migrants entrent au Brésil sans document valide ou sans aucun document. Cela se produit parce qu'ils n'ont pas de documents délivrés par le pays d'origine ou parce qu'ils les ont perdus au cours de leur migration. Souvent, les enfants migrants autochtones n'ont pas de documents.
Sur la base de cette conclusion, l'une des situations les plus difficiles est la régularisation des enfants sans papiers. Afin de garantir la protection des enfants tout en rendant la régularisation possible, la résolution conjointe CONANDA/CONARE/CNIg/DPU 1 de 2017, désormais remplacée par la résolution CONANDA Nº 232, prévoit une procédure interdisciplinaire qui comprend un entretien approfondi, y compris une analyse et une protection. Cette procédure pourrait corroborer la régularisation des enfants sans papiers ou les orienter vers des mesures de protection dans les cas où des facteurs de vulnérabilité ou d'exposition à des risques sont présents.
La documentation est très importante et vitale pour l'exercice d'une série de droits clés. Ils sont également importants pour une intégration efficace dans les communautés d'accueil à long terme. Si la réalité du terrain suggère que les enfants n'ont pas de papiers, il est urgent de trouver une solution. Le Brésil a trouvé une solution temporaire grâce à la résolution CONANDA, mais il reste des risques et des défis à relever. Il existe de nombreuses bonnes pratiques en vigueur dans d'autres parties du monde, qu'il convient d'examiner de plus près afin d'en stimuler l'adaptation à plus grande échelle.
Le modèle de convention sur la mobilité internationale (MIMC), dans la section 5, article 18, stipule que "les États parties délivrent des papiers d'identité à toute personne ayant droit à une protection internationale sur leur territoire qui ne possède pas de document d'identité valide". La MIMC souligne l'importance des documents, et il est impératif que la communauté internationale se mette d'accord sur un cadre pour les enfants sans papiers, en gardant à l'esprit les principes de l'intérêt supérieur de l'enfant, le programme de prévention et de lutte contre la traite des êtres humains, et pour permettre la réunification des familles, entre autres possibilités.
Il est à espérer que la prochaine version du MIMC y remédiera.
Lutiana Valadares Fernandes Barbosa est défenseur public fédéral au Brésil. Elle est titulaire d'un doctorat en droit international de l'université fédérale de Minas Gerais, d'une maîtrise en droit de la PUC-MG et d'une maîtrise en droit de l'université de Columbia. Elle est actuellement coordinatrice du groupe de travail national sur les migrations, les réfugiés et l'apatridie au sein du bureau du défenseur public fédéral.
Ronaldo de Almeida Neto est défenseur public fédéral au Brésil. Il est le conseiller pour les affaires à fort impact social. Il poursuit actuellement un MPA à la Fundação Getúlio Vargas et a été auparavant défenseur des droits de l'homme dans l'Amazonas et le Roraima.
Carnegie Council for Ethics in International Affairs est un organisme indépendant et non partisan à but non lucratif. Les opinions exprimées dans cet article sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement la position de Carnegie Council.