Il s'agit de la quatrième leçon sur six concernant l'intervention humanitaire.

Voici les liens vers les cinq autres :

Éthique et politique de l'intervention humanitaire :
Leçon 01-01, Leçon 01-02, Leçon 01-03

Intervention : Des théories aux cas :
Leçon 02-01

L'évolution des normes en matière d'intervention humanitaire :
Leçon 03-01, Leçon 03-03

INTRODUCTION

Dans cette deuxième partie du cours, nous examinerons certains dilemmes spécifiques et généraux associés à deux cas d'intervention humanitaire de l'après-guerre froide et à un cas mémorable de non-intervention. Nous examinerons d'abord une intervention dont on se souvient souvent comme d'un désastre (Somalie, 1992). Nous abordons ensuite la grande tragédie de la décennie, le génocide rwandais (1994), dont la communauté internationale s'est contentée d'être le "témoin oculaire" ou le "spectateur". Enfin, nous nous pencherons sur une intervention qui est souvent considérée, à plusieurs égards, comme une réussite impressionnante (Kosovo, 1999). L'objectif de cette section du cours consacrée aux études de cas est en partie de se demander si ces résumés historiques conventionnels représentent toujours fidèlement les événements complexes de chaque cas.

Cette semaine est centrée sur l'intervention en Somalie, ce qui offre une occasion particulière de discuter de la relation entre l'action humanitaire et la politique intérieure et démocratique aux États-Unis.

L'État de Somalie, en Afrique de l'Est, s'est effondré en 1990-1, à la suite de la chute de sa dictature, le pouvoir tombant aux mains de chefs de clans rivaux. La majeure partie du pays, et notamment la capitale, Mogadiscio, a sombré dans l'anarchie. La vulnérabilité du peuple somalien - et donc l'ampleur de la crise humanitaire - a été encore exacerbée par la sécheresse. Des milliers de personnes sont mortes ou ont souffert de malnutrition.

En décembre 1992, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté en faveur d'une intervention militaire visant à "établir un environnement sûr pour les opérations de secours humanitaire". L'intervention dirigée par les États-Unis qui en a résulté, dans ses phases initiales, a été un succès encourageant, sauvant de nombreux Somaliens de la famine, au prix de quelques vies.

Mais dès le printemps 1993, des fusillades ont fait rage entre les forces internationales et les factions somaliennes, causant la mort de Somaliens non combattants et de soldats et journalistes américains et étrangers. La perte de vies américaines, en particulier lors des événements gravés dans la conscience du public par le film Black Hawk Down, futdésormais considérée comme "disproportionnée". La lecture est légère cette semaine pour permettre aux étudiants de regarder le film avant le cours.

L'opération internationale en Somalie aurait pu être un succès pour l'idée d'intervention humanitaire, mais elle est restée dans les mémoires comme un désastre, avec des conséquences pour les futures réponses internationales aux urgences humanitaires, notamment au Rwanda.

PRÉPARATION DE L'INSTRUCTEUR NÉCESSAIRE

Exposé de 30 minutes sur l'intervention en Somalie, s'appuyant sur les lectures ci-dessous et les questions d'éthique.

PLAN DE LA LEÇON

Activités en classe
Faire :
Exposé et discussion

Travaux à effectuer à l'avance
Lire :
Alberto R. Coll,"The Problems of Doing Good : Somalia as a Case Study", Carnegie Council (1997)

Chester Crocker,"Les leçons de la Somalie : Not Everything Went Wrong", Foreign Affairs (mai/juin 1995)

Regarder: Black Hawk Down (2001)

QUESTIONS ÉTHIQUES CONNEXES

A. L'intervention militaire des États-Unis et de l'ONU en Somalie a-t-elle "échoué" ? Où, en particulier, ces "échecs" se sont-ils produits ?

B. Pourquoi est-il important que les interventions humanitaires soient considérées comme étant dans l'intérêt national de l'État intervenant ? Pourquoi le lien entre les intérêts et les interventions peut-il être insuffisant du point de vue de l'humanitarisme mondial ? En quoi cela peut-il être dangereux ?

C. L'intervention en Somalie était-elle dans l'intérêt national des États-Unis ? Était-elle dans l'intérêt national somalien ? Aurait-il été préférable à long terme - pour les intérêts américains et les Somaliens - de laisser un dirigeant impitoyable et déterminé accéder au pouvoir par le biais de la violence clanique ?

D. En quoi l'absence de gouvernement en Somalie au moment de l'intervention modifie-t-elle les calculs que les intervenants auraient pu faire sur l'éthique de l'intervention ? A qui appartenait le droit à la non-intervention que la mission internationale rejetait ?

E. Qu'est-ce que la décision d'intervenir en Somalie et la décision ultérieure de se retirer nous apprennent sur la relation entre la politique intérieure et l'humanitarisme ?

F. Comment les citoyens doivent-ils évaluer l'importance de financer, par le biais de leurs contributions fiscales, la recherche de solutions aux problèmes nationaux par rapport aux problèmes à l'étranger ? Lesquels sont les plus "urgents" ?

G. Quels peuvent être les avantages et les inconvénients de la manière dont certaines guerres et interventions militaires restent dans la mémoire publique ?

Pour d'autres questions de discussion sur l'intervention en Somalie et les dilemmes éthiques qui y sont liés, voir les notes pédagogiques fournies dans l'étude de cas d'Alberto Coll ( Carnegie Council ) (assigné).

RESSOURCES SUPPLÉMENTAIRES

J. Bryan Hehir,"Intervention : From Theories to Cases", Ethics & International Affairs 9 (1995)

Thomas Weiss, "Chapitre 2 : Interventions humanitaires : Thumbnail Sketches", dans son ouvrage intitulé L'intervention humanitaire (Cambridge : Polity Press, 2007)

Nicholas Wheeler, "Chapter 6 : From Famine Relief to 'Humanitarian War'", dans son ouvrage Saving Strangers : Humanitarian Intervention in International Society. Saving Strangers : Humanitarian Intervention in International Society (Sauver les étrangers : l'intervention humanitaire dans la société internationale) (New York : Oxford University Press, 2000)

Dominic D. P. Johnson et Dominic Tierney, "Chapter 8 : The U.S. Intervention in Somalia," in their Failing to Win : Perceptions of Victory and Defeat in International Politics (Cambridge, MA : Harvard University Press, 2006).