Ce document a été présenté lors de l'atelier intitulé "Revising MIMC : Finding Solutions to the Challenges of Today's Migration" organisé par le Centre for Fundamental Rights, Hertie School, Berlin, Allemagne, en association avec le WZB et le projet RefMig, les 13 et 14 octobre 2022. Pour en savoir plus sur cet atelier, veuillez cliquer ici.
Les capitaux, les biens et les personnes sont plus mobiles que jamais dans notre monde globalisé. Pourtant, le mouvement des personnes à travers les frontières est encore une entreprise largement non réglementée au niveau mondial qui laisse de nombreuses personnes sans protection dans des situations irrégulières et désastreuses. La mobilité internationale, c'est-à-dire les mouvements transfrontaliers de personnes, quelle qu'en soit la durée, en tant que travailleurs migrants, entrepreneurs, étudiants, touristes, demandeurs d'asile ou réfugiés, ne fait l'objet d'aucune définition commune ni d'aucun cadre juridique.
L'absence d'un régime mondial concerté pour la mobilité internationale, contrairement aux régimes pour le commerce (OMC), la finance (FMI) et le financement du développement (Banque mondiale et banques régionales de développement), est une lacune flagrante de la gouvernance mondiale. Les conséquences humanitaires se font surtout sentir chez les nombreux migrants forcés qui ne remplissent pas les conditions requises pour être considérés comme des réfugiés au sens de la convention de 1951 sur les réfugiés. Parmi eux, les migrants forcés par le changement climatique, appelés "réfugiés climatiques", "migrants forcés" ou (plus sceptiquement) "migrants induits par le climat", occupent aujourd'hui une place de plus en plus importante.
Ce document explore les arguments en faveur de l'assistance et de l'asile (non-refoulement) que peuvent et devraient invoquer les personnes contraintes par le climat de franchir les frontières internationales. Il cherche à modifier les normes élaborées par le modèle de convention sur la mobilité internationale et s'appuie sur la jurisprudence de l'affaire Teitiota et d'autres affaires récentes qui examinent les demandes d'asile fondées sur la nécessité climatique. Il aborde l'affaire récente (2022) des îles du détroit de Torres et les protections supplémentaires significatives qu'elle reconnaît en vertu du droit international des droits de l'homme. Il conclut que les conventions générales sur les droits de l'homme telles que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ne sont pas suffisantes et qu'une convention spéciale axée sur les réfugiés climatiques est nécessaire, à l'instar de la Convention de 1951 sur les réfugiés, qui concerne spécifiquement les personnes menacées de "persécution" pour des raisons de "race, de religion, de nationalité, de groupe social ou d'opinion politique".
Carnegie Council for Ethics in International Affairs est un organisme indépendant et non partisan à but non lucratif. Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement la position de Carnegie Council.