President Trump in the Oval Office on Christmas Day, 2018. CREDIT: <a href="https://www.flickr.com/photos/whitehouse/32629901988">Official White House Photo by Shealah Craighead/Public Domain</a>
Le président Trump dans le bureau ovale le jour de Noël 2018. CREDIT : Photo officielle de la Maison Blanche par Shealah Craighead/Public Domain

Trump est le symptôme, pas le problème

22 novembre 2019

Cet article a été publié pour la première fois sur le blogEthics & International Affairs.

Des observateurs avisés de la politique étrangère américaine ont plaidé, à l'approche des élections de 2020, pour que les interruptions du flux de la politique étrangère américaine ne soient pas uniquement dues à la personnalité et aux caprices de l'actuel occupant de 1600 Pennsylvania Avenue. En d'autres termes, nous devons cesser de penser que Donald Trump est le problème - et qu'une fois qu'il sera destitué, la politique étrangère américaine reprendra comme un élastique sa forme habituelle et familière - et considérer son ascension politique et son administration dans le contexte des tendances à plus long terme de la politique intérieure américaine et de la politique internationale.

Nahal Toosi, à l'occasion de l'émission Il y a quelques jours, dans l'émission The Takeaway il y a quelques jours, à propos de la comparution d'agents de carrière du service extérieur devant le Congrès dans le cadre de l'enquête sur la mise en accusation, Nahal Toosi a fait remarquer que nombre d'entre eux, dans leur témoignage, partaient du principe qu'il existe un large consensus sur les intérêts de la politique étrangère des États-Unis qui transcende les administrations spécifiques, une observation amplifiée par la députée Val Demings, qui a fait remarquer que si les politiques spécifiques peuvent changer, les intérêts des États-Unis, eux, ne changent pas. Mais que se passera-t-il si ce n'est plus le cas ? Colin Dueck et Ian Bremmer nous avertissent tous deux que nous ne devrions plus tenir pour acquis que les Américains - ou du moins leurs dirigeants politiques - partagent les mêmes grandes lignes.

S'exprimant à Tokyo à l'occasion du sommet G-Zero, M. Bremmer a souligné que

Il existe une superpuissance dans le monde d'aujourd'hui, un pays qui peut projeter sa puissance politique, économique et militaire dans toutes les régions. Cette superpuissance reste les États-Unis. C'est pourquoi il est si important que les Américains eux-mêmes ne soient plus d'accord sur le rôle que leur pays doit jouer dans le monde. Partout où je voyage, y compris ici au Japon, j'entends des questions et des inquiétudes au sujet du président Donald Trump. Comme s'il était la source de toute cette confusion. Comme si son départ de la scène politique, soit l'année prochaine, soit dans cinq ans, allait remettre l'Amérique et le monde sur la voie d'une certaine normalité. Cela n'arrivera pas, car Donald Trump est un symptôme, et non une source, de cette anxiété et de cette confusion.

De même, Dueck, dans son nouvel ouvrage L'âge de fernote qu'il existe des groupes, certainement au sein du Parti républicain, mais aussi, je dirais, au sein du Parti démocrate, qui pensent que "les accords militaires et commerciaux internationaux existants ont été excessivement coûteux pour les États-Unis et doivent être réorientés ou renégociés dans la direction opposée".

Une renégociation du rôle américain dans le monde est en cours, à la fois dans le contexte du système politique national des États-Unis, mais aussi entre les États-Unis et d'autres pays. Telle est la toile de fond de la "concurrence entre grandes puissances".

Cette renégociation soulève une question éthique importante, celle de l'universalité ou de la particularité des valeurs. Il y a trente ans, l'hypothèse était que nous étions en train d'émerger dans un système mondial unique et unifié qui serait défini, au fil du temps, par des valeurs communes. Aujourd'hui, la tendance identifiée par Bremmer et d'autres est la redivision possible en deux grands écosystèmes informationnels et, par extension, en deux approches idéologiques différentes de la question de l'organisation de la société humaine. Dans le même temps, le clivage mondialiste/nationaliste que Dueck identifie comme un moteur ravivé dans la politique américaine soulève la question de savoir si la population américaine sera encline à ne pas faire pression en faveur de normes universelles s'il n'y a pas de menace immédiate pour les préférences des États-Unis dans sa zone.

Cela nous ramène aux auditions. L'ADN par défaut de l'establishment de la sécurité nationale américaine reste ancré dans l'engagement vers l'avant et la diffusion de la puissance vers l'extérieur. Que se passera-t-il si la politique américaine continue de s'orienter vers une tendance contraire de repli et de retrait ? Peut-on alors parler d'une approche commune ?

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